Emmenez-moi à moi-même
Faites éclore une rose entre mes mains
Le livre qui a continué de marcher
Derrière son empressement, bercez son rêve
Cueillez-en ce qui n’est pas mien
Et laissez-le sur l’étagère
Pour que pousse en lui un instant
Dont la peur m’apaise
***
Fermez toutes les portes de mon temps
Arrachez mon mur
Et secouez-le un peu pour qu’il se mette
A réfléchir à ce qu’il va faire de tout ce vide
A comment oublier son enfance
Et laissez-moi découper un peu le bout de mon silence
…
***
Emportez la passion de la maison pour l’odeur
Calmez les éraflures de ses choses
Emportez ses jeux de mots
Emportez son jeûne loin de mes lèvres
Emportez le tatouage de la pomme de la fatiha
…
***
Vides, nos tiroirs font un vacarme cruel
Cette fumée qu’elle n’a pas délimitée
Meurt vite dans un mouvement affligé
Ce froid dans la chair du carrelage
Qui se souvient des ses pieds nus
Pique au front
Et râle dans les lettres même de la rime
***
Alors ne me laissez pas seul
A ramasser son oubli et prenez d’ici
le rien d'autre ses choses qui restent …
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