Le coin obscur de la chambre






Le jour où je n’aurai plus ma patrie, des plumes, des yeux grands ouverts et une bouche encerclée par les caméras de surveillance, je deviendrai un poète indifférent. Je chasserai les araignées et prendrai de belles photos. Je signerai mes nombreux recueils poétiques dans des cafés apatrides comme moi.
Le jour où je n’aurai plus une patrie qui me coupe les doigts sur la feuille et me frappe au visage avec le brouillon de mes poèmes, je serai plus libre et plus souple. Je sourirai à ceux que je déteste et planterai mes crocs dans ma pudeur. Je publierai des manifestes moins virulents sur les patries des autres et parlerai aux chaînes de télé de la liberté où je me trouve. Je leur dirai comme elle est confortable, douce et nullement néfaste.
Le jour où je n’aurai plus une patrie attachée à ma poitrine comme une pierre, semblable à une chanson que j’essaye de me rappeler, patrie qui lit avec moi les livres et m’attache à leurs idées pour ne pas m’enfuir, je serai à même de spéculer sur beaucoup de choses – des choses qui ont commencé à s’effriter à l’intérieur de moi –, je porterai des lunettes plus épaisses que celles que je porte déjà et je laisserai pousser un peu ma barbe pour paraître plus sérieux.
Le jour où je n’aurai plus une patrie
Je ne confierai à personne que je pleure
Je retiendrai mes larmes à l’intérieur de moi
Comme une patrie…

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