Tu n’es pas un dieu, ô mon ami, ni un pasteur. Dans tes mains, nul sceptre illusoire et je ne me trouve pas sous tes pieds. Telle la mousse d’une eau stagnante, tes yeux verts ne sont pas des dés. Et mes mains tendues vers toi ne sont pas le sang du sacrifice. Ni toi ni moi ni lui, nous ne sommes pas des pions d’un jeu d’échec tombés de la case éternelle noire. Nous ne sommes pas la solution d’une devinette laissée au hasard, ni des mouchoirs en papier que le vent léger transporte vers la pesanteur de l’humidité.
Toi, moi et lui, avec nos visages sculptés dans le bois lisse de l’erreur humaine, dans l’argile visqueuse de l’ignorance, nous sommes issus du souffle de la chaude expérience.
Chacun de nous trois porte un sac lourd de pièces de poterie brisées par la main de l’emportement, de la peur et du risque. A chacun ses pièces qu’il regrette, celles qu’il serre contre lui et pleure quand personne ne l’observe, et celles qu’il rassemble pour en faire une image brisée de lui, son reflet précis dans le miroir.
Nous sommes les potiers aux mains souillées par la boue sèche, aux cœurs souillés par la suie du charbon. Nous sommes les potiers et, de nos fours, aucune poterie n’est sortie, mon ami, sans être brisée par le feu de l’excès ou la vanité de la hâte.
Nous sommes les potiers, ni dieux ni pasteurs ni pécheurs. Nous sommes le regret de l’argile qui fond dans le feu et sait qu’elle ne sera jamais maniable comme avant, alors elle éclate.
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